Les Amis de
Gaston Gautier (1872 - 1933)
Les Amis de Gaston Gautier sont heureux de présenter quelques éléments de la vie de cet artiste et
de son œuvre. Celle-ci se révèle être aussi riche que variée, s'étendant de l'art du dessin et de
l'aquarelle à celui du fer forgé en passant par l'art du bronze. sans oublier ses « compositions
décoratives ».
Pour tout contact : a.e.gaston.gautier@.......
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A. E. Gaston Gautier est un artiste polyvalent qui, au tournant des XIXéme et XXéme siècles,
s'adonna, avec un même talent, à différentes techniques artistiques : l'art pictural (dessin/aquarelle),
l'art du bronze et l'art du fer, sans oublier ses « compositions décoratives ». Celles-ci étaient
conçues la plupart du temps à partir d'objets anciens dénichés à droite ou à gauche, chez les
brocanteurs ou autres antiquaires.
Dans cette présentation, plusieurs exemples illustrent cette foisonnante créativité.
A. E. Gaston Gautier vient d'une famille de grands industriels spécialisés dans les « Usines à Gaz »,
alors en plein développement en France en ce milieu du XIXéme siècle. Son père, Émile Louis
Auguste Gaston Gautier (1845-1893) se différencia de ses frères en devenant, quant à lui, un
fabricant ... d'appareils à gaz. Il habitait au 17 rue Pierre Levée dans le 11ème arrondissement de
Paris
1
.
Un de ses oncles, Georges Félix Gautier (1862-1932), gérant de Compagnies de Gaz Vire et à
L'Aigle)
2
, joua un grand rôle auprès de l'artiste. Pratiquement de la même génération – moins de dix
ans les séparent – ils restèrent très proches tout au long de leur vie.
Georges Félix Gautier avait épousé en 1887 Mathilde Aline Desbrochers (1866-1918) dont le père
Adolphe Alexandre Charles Desbrochers en 1841 fut un artiste peintre. Alors qu'il était enfant
Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875) en fit le portrait, en 1845. Ce portrait d'« enfant tenant une
orange » est célèbre. Il est aujourd'hui au Musée du Louvre. Corot fut également témoin au mariage
d'Adolphe Alexandre Joseph Desbrochers en 1865. La famille Desbrochers était donc étroitement
liée au milieu artistique de son époque, en particulier, celui des peintres.
Cet oncle, Georges Félix Gautier et son épouse Mathilde Aline Desbrochers firent construire en
1902 une vaste demeure près de Forges les Eaux, le Château de l'Andelle
5
de nombreux artistes
étaient reçus. Les œuvres de peintres connus y étaient aussi exposées : outre Camille Corot, Antoine
Chintreuil (1814-1873), Jean Desbrosses (1835-1906) ou encore Charles Lapostolet (1824-1890)….
A.E. Gaston Gautier et sa famille séjournaient souvent au Château de l'Andelle.
Après le décès de son épouse Mathilde Aline, une partie des biens du couple de son oncle revinrent,
en 1926, à des musées, des œuvres ou des particuliers
6
. A cette date, Georges Félix Gautier choisit
aussi de résider à Paris, auprès de son neveu, au 65 rue de Turenne
1
(voir ci-dessous). Ce qui
témoigne encore, sur le long terme, de leur proximité.
De par l'activité de son père, A. E. Gaston Gautier avait pu, au cours de son enfance et de son
adolescence, se familiariser aux différentes techniques de la métallurgie, en particulier, celles du
bronze et de la ferronnerie. À la mort de son père, en décembre 1893, A. E. Gaston Gautier n'est âgé
que de 21 ans. Peut-être a-t-il poursuivi un temps l'activité paternelle ? Cependant son désir de
persévérer dans le domaine artistique l'a-t-il finalement emporté. En 1900, il est officiellement
enregistré comme « dessinateur » résidant au 100 rue Amelot dans le 11ème arrondissement de
Paris
1
.
Sa vie de créateur d'art prend son essor.
Art Pictural :
Les deux dessins/aquarelles présentés ci-dessous sont réalisés sur papier. Ils témoignent de
la sensibilité de cet artiste.
Fig. 1 : Ces deux dessins/aquarelles datent des années 1890-95.
Le projet d'éventail présenté ci-dessous a la remarquable particularité d'être réalisé sur
vélin
7
.
Fig. 2 : Projet d'éventail et, en agrandissements, signature de l'artiste et timbre du transporteur (voir
texte ci-dessous).
Quant au dessin/aquarelle de la figure suivante – un paravent trois panneaux – il est
entièrement peint sur soie.
Fig. 3 : Paravent trois panneaux et, en agrandissement, signature de l'artiste et détail de la
décoration métallique de l'encadrement.
Ces deux dernières œuvres, l'éventail et le paravent, établissent l'influence sur l'artiste de
l'art nouveau ou style 1900, alors en pleine effervescence à Paris. À noter également le soin
apporté pour ces deux œuvres aux encadrements. Réalisés en acajou massif, ils révèlent un
beau travail d'ébénisterie (créateur non identifié). Ils soulignent davantage la grande qualité
de ces œuvres dont ils font partie intégrante. Celui du paravent s'accompagne aussi de très
fines décorations métalliques, annonçant déjà l'intérêt de l'artiste pour la métallurgie
d'art.
Les figures 2 et 3 montrent des agrandissements des signatures de l'artiste. Celle de la figure
2, très discrète, se trouve au centre du tableau. Elle ressemble fortement à celle de la figure
3. On peut donc considérer que ce type de signature correspond aux œuvres graphiques de
l'artiste. Sur la figure 2 est aussi montrée l'étiquette de l'entreprise Pottier
8
collé au dos du
tableau. A l'époque, cette entreprise assurait le transport des œuvres d'art vers les grandes
expositions. Pour ce tableau, celle-ci dut avoir lieu peu avant 1900.
A. E. Gaston Gautier épousa Marie Bard (1873-1928) en décembre 1900. En 1908, avec l'ambition
de laisser libre court à ses talents de métallurgiste, il emménage avec sa famille – il est père de deux
enfants, Marguerite née en 1901 et Geneviève en 1903
2
au 65 rue de Turenne
4
. Ce bel immeuble
du XVIIème siècle devint, un siècle plus tard, la propriété du Comte Ossolinski, d'où son nom
d'Hôtel de Pologne. À propos de cet Hôtel, il est, ici, intéressant de noter ce qui est rapporté dans le
guide Hilairet des rues de Paris
9
: en 1800, cet immeuble fut mis à la disposition du ministre de
l'intérieur pour y loger gratuitement les artistes les plus distingués dans les arts mécaniques,
balcon, ferronneries, fronton, escalier ! En 1802, cet Hôtel devint la propriété des Hôpitaux de
Paris puis passa en « mains privées ». Et c'est précisément dans cet immeuble que A. E. Gaston
Gautier y déploya dès 1908 – donc plus d'un siècle plus tard ses propres talents d'artiste dans des
arts mécaniques, en l’occurrence celui du bronze et celui du fer.
A. E. Gaston Gautier créa alors une « société collective » qui, officiellement, dura de 1908 à 1923
1
.
Il y apparaît d'abord comme Maître Bronzier (en 1914 par exemple)
1
puis comme Bronzier et
Ferronnier (en 1919)
1
. Sur le plan financier, il s'était associé à un dénommé Paul Benoît
10
(pour un
capital initial de 40 000 fr.
1
, soit plus de 150 000 Euros de 2019.
Art du Bronze :
Au milieu du XIXème siècle, les bronziers Lerolle Frères
11
, situés Chaussée d'Antin à Paris, 9ème,
avaient acquis, une grande notoriété. Les œuvres d'art sorties de leurs ateliers sont, aujourd'hui
encore, fort appréciées. A. E. Gaston Gautier a repris le fond Lerolle Frères et obtenu l'autorisation
des musées nationaux de réaliser des copies d’œuvres anciennes
4
. Les figures suivantes offrent de
beaux exemples de cartels (dorés au mercure) réalisés à cette époque.
Pour le bronze de gauche, il est à noter la signature relevée au dos de l’œuvre: GB, G pour
Gautier et B pour Benoît. Ainsi se concrétise l'« association collective » établie en 1908
entre Gaston Gautier, l'artiste et Paul Benoît, le financier. Le bronze montré à droite est une
œuvre plus personnelle de l'artiste, seul le nom Gautier la signe explicitement sur le socle.
Par contre, pour le cartel montré ci-après, la signature apparaît sur l'écran de l'horloge.
Fig. 4 : Exemples de bronzes réalisés à partir de 1908.
Les réalisations en bronze sont nombreuses et variées. A titre d'exemples, la figure suivante
présente deux autres œuvres, un très charmant sceau (dédié à sa fille Marguerite) et un
miroir, de facture très classique.
Fig. 5 : Sceau dédié à sa fille Marguerite et miroir en bronze doré avec sa signature : « G Gautier à
Paris ».
Art du Fer (et du Bronze):
Quant à ses activités dans l'art du fer, elles sont aussi très diversifiées :
Il participe à diverses rénovations. Il intervint, par exemple, à l'Hôtel de Lauzun (15 quai
d'Anjou, Paris 4ème), probablement sur les balcons
4
. A l'époque, cet Hôtel appartenait au
domaine privé. Il est depuis 1928 la propriété de la Ville de Paris. La figure 6 donne un
exemple de tels balcons tels qu'ils sont restaurés aujourd'hui (2019).
Fig. 6 : Balcons de l'Hôtel de Lauzun tels qu'ils apparaissent en 2019.
Sans doute intervint-il aussi à l'Hôtel de Brinvilliers (12 rue Charles V, Paris 4ème). Il
s'agissait de reconstituer la lanterne de l'escalier qui manquait à l'époque. En effet, la
figure 7 montre, en haut à gauche, la photo de cet escalier prise par Eugène Atget entre 1900
et 1927
12
. Le projet de A. E. Gaston Gautier pour cette lanterne, à droite, a été retrouvé
dans l'un de ses carnets de dessin
4
. Comme on peut le voir sur la figure en bas à gauche,
cette esquisse est assez proche de la lanterne représentée antérieurement. Cette réalisation, si
elle a eu lieu, n'existe plus. Mais deux guerres sont passées par là !
Fig. 7 : En haut à gauche, escalier de l'Hôtel de Brinvillers sans lanterne. Photo prise par Eugène
Atget entre 1900 et 1925 (archives INAI). Au dessous, dessin de John Fulleylove (1845-1908)
montrant le même escalier avec sa lanterne, dessin antérieure à la photo précédente. A droite, une
esquisse de la lanterne pour l'Hôtel de Brinvillers par A.E. Gaston Gautier.
Vers 1905-1910, apparaît l'électricité dans les foyers parisiens. L'éclairage individuel se développe
rapidement. Apparaissent alors les lustres électriques. Ils sont réalisés en métal ou en ferronnerie.
Des exemples de telles œuvres sont montrés ci-dessous. Les deux premiers lustres sont en
métal doré, le troisième en métal finement ajouré.
Fig.8 : Lustres électriques en métal réalisés par A. E. Gaston Gautier.
Quant à sa maîtrise dans l'art de la ferronnerie, il est particulièrement bien illustré par le
lustre de la figure suivante. Des éléments de chasse animaux (sangliers, cerf, biche) – sont
finement découpés dans le métal. L'ensemble est enrichi de fruits en verres teintés
pommes, poires et grappes de raisins (créateur inconnu) lesquels sont élégamment
suspendus (ou même entourent les ampoules électriques).
Fig. 9 Lustre électrique en fer forgé : scènes de chasse. Détails de décoration : animaux et fruits en
verre teinté.
Pour conclure sur ces arts mécaniques tels qu'ils furent pratiqués par A. E. Gaston Gautier,
sont présentées ci-dessous quelques autres esquisses apparaissant dans ses carnets de
dessins. Elles témoignent de sa grande activité en des domaines bien différents, allant
d'éventuelles réalisations en bronze à la conception de lustres en métal et/ou en fer forgé.
Fig. 10 : Esquisses de l'artiste pour d'éventuelles réalisations.
Arts Décoratifs :
Tout au long de sa vie, des « compositions décoratives » telles que définies dans l'introduction, ont
été réaliséees. Ces assemblages se caractérisent par un grand souci d'élégance. A ce titre, l'exemple
donné maintenant mérite une attention particulière.
Un ensemble plutôt exceptionnel est présenté ci-dessous. Il est conçu à partir d'antiquités :
deux portes d'une armoire très ancienne, auxquelles sont adjoints d'autres éléments tout aussi
anciens, une pendule du dix huitième siècle pour l'une et une fontaine en cuivre rouge pour
l'autre. Une délicate ferronnerie a alors été conçue par l'artiste pour mettre en valeur chacun
de ces éléments (voir détails de la figure 11). La « composition décorative » de cet
ensemble est un autre bel exemple de la créativité de cet artiste.
Fig. 11 : « Compositions décoratives » réalisées à partir d'antiquités, et détails de ferronnerie.
La curiosité artistique de A. E. Gaston Gautier était incessante. Ainsi cette anecdote où, vers les
années 1920-1930, il fut en contact avec le futur immense couturier que devint Christian Dior
(1905-1957). On sait que celui-ci appréciait particulièrement l'art de la ferronnerie
13
. Sans doute
est-ce pour cette raison qu'ils se rencontrèrent à cette époque. Toujours est-il que Christian Dior
offrit de dessiner la robe que Geneviève, la fille cadette de A. E. Gaston Gautier, porta à son
mariage en 1925
4
.
Que ce soit pour les arts graphiques, pour le bronze, pour la ferronnerie ou pour ses « compositions
décoratives », A. E. Gaston Gautier, faisait largement appel à d'autres artistes ou artisans. C'était
une constante et une caractéristique dans son activité. Il aimait fréquenter ce milieu artisanal
foisonnant dans son quartier parisien de prédilection, le Marais (et au-delà). Et, sans doute, est-ce ce
qui confère à ses œuvres cette si séduisante originalité.
A. E. Gaston Gautier décéda le 23 octobre 1933. Alors qu'il était très affaibli, il s'était retiré en
Normandie, à Bénerville où il enterré.
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Les amis de Gaston Gautier sont heureux de vous avoir présenté cet artiste polyvalent de grande
créativité. Ce site peut vous le faire découvrir et/ou vous permettre d'identifier certaines œuvres que
vous pourriez posséder. Dans ce cas, ou pour toute autre raison qui pourrait enrichir la
connaissance que nous avons de cet artiste, n'hésitez pas à prendre contact avec nous :
a.e.gaston.gautier@.......
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Remerciements :
Nous sommes très reconnaissants aux Archives de Paris : y ont été puisées de nombreuses
informations et précisions sur les différents moments de la vie de cet artiste. Quelques-uns d'entre
nous tiennent à remercier, tout particulièrement, Monsieur Nicolas Courtin et ses collaborateurs
pour leur accueil et leur précieux conseils.
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Références :
1 – Archives de Paris.
2 – Sources généalogiques.
3 – Une partie des œuvres de Adolphe Alexandre Charles Desbrochers fut léguée au musée de Lille
(cf. référence 6).
4 – Source familiale.
5 – Le château de l'Andelle fut conçu par Mr. Guille, architecte à Paris, ami de Mme Desbrochers
4
.
6 Entre autres, 4 œuvres de Corot (2 peintures et 2 dessins) et 7 œuvres de Chintreuil furent
léguées au Louvre. D'autres œuvres de Corot revinrent au musée de Lille. Le château de
l'Andelle et des terres furent remises à différentes « œuvres »
4
…..
7 – Le vélin est une peau de vélot (veau mort né).
8 – Pottier, emballeur, 14 rue Gaillon à Paris 2ème.
9 – Connaissance du vieux Paris, Rivages, Jacques Hilairet, 1960.
10 – Paul Benoît, né en 1869, résidait à Thignonville en Loiret.
11 Edouard-François (1839-1915) et Camille (1838-1897) Lerolle avaient repris l'atelier de leur
père Louis Lerolle (1813-1875).
12 – Archives de l' Institut National de l'Histoire de l'Art (INHA).
13 Exposition « Christian Dior couturier du rêve » au Musée des Arts décoratifs (du 05/07/2017
au 07/01/2018). Il y était précisé que Christian Dior appréciait l'art du fer forgé et qu'il
dessinait volontiers des tenues pour ses amis.
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Figures :
Fig. 1 : Deux exemples de dessins/aquarelles réalisés sur papier. Collections privées (FV et MCB),
respectivement).
Fig. 2 : Éventail dans son cadre en acajou : dessin/aquarelle réalisé sur vélin
7
. En agrandissement,
signature de l'artiste et timbre du transporteur de l'époque
8
. Collection privée (JPB).
Fig. 3 : Paravent trois panneaux dans son cadre en acajou, réalisé sur soie. En agrandissement
signature de l'artiste. Collection privée (JPB).
Fig. 4 : Trois cartels en bronze doré. Collections privées (MCB à gauche, JD à droite, et AD en
dessous).
Fig. 5 : Sceau en bronze et miroir. Collection privée (FV).
Fig. 6 : Façade de l'Hôtel de Lauzun (2019).
Fig. 7 : Escalier de l'Hôtel de Brinvillers et esquisse de la lanterne prévue par A. E. Gaston Gautier.
Fig. 8 :Lustres électriques en métal ; deux en métal doré et au-dessous, un en métal ajouré.
Collections privées (MCB à gauche et au dessous, AD à droite).
Fig. 9 : Lustre électrique en fer forgé et détails de décoration. Collection privée (JPB).
Fig. 10 : Extraits d'un des carnets de dessin de l'artiste. Collection privée (JPB).
Fig. 11 : Exemples de « compostions décoratives ». Collections privées (CC à gauche et JPB à
droite).